Portrait de Louis XIV

Il semble que Philippe V ait obtenu satisfaction par l’intercession de Madame de Maintenon, qui dans une lettre au duc de Noailles, datée du 11 mars 1701 écrivait :

 » Je travaille à lui envoyer le portrait qu’il m’a ordonné de lui faire faire. Voici deux after-diners que je reviens de Saint-Cyr pour obliger le Roi à se faire peindre. La goutte est venue à notre secours. Sans cela, nous ne l’aurons pas retenu pendant trois ou quatre heures « 

La veille, le Marquis de Dangeau a laissé dans son journal un témoignage corroborant les déclarations de Mme de Maintenon, décrivant le début du tableau de Louis XIV, peint dans l’intimité et destiné à être intégré ultérieurement à la composition finale :

 » Jeudi 10 à Versailles – La goutte du Roi continue, il a été peint après le dîner par Rigaud pour envoyer son portrait au roi d’Espagne à qui il l’a promis.  » Le lendemain, le travail s’est effectivement poursuivi: » Vendredi 11 à Versailles – La goutte du roi grandit un peu, et en sortant du sermon, où il était porté, il fut ramené chez Madame de Maintenon, où Rigaud travaillait à son portrait.. »

Le 3 septembre 1703, dans une lettre touchante qu’il écrivit à la Marquise, Philippe V avoua à son tour :

 » Merci du soin que vous avez pris pour me procurer le portrait du roi, j’attends avec impatience… »

La taille et la complexité de la composition justifiaient les attentes des sponsors et le temps passé par l’artiste à achever son travail. Toute la preuve est que Rigaud a peint de la vie en complétant le portrait, qui n’a jamais été envoyé en Espagne.

Jeudi 19 janvier 1702, Rigaud cherche une nouvelle session, écrit le marquis de Dangeau :

 » le Roi, qui n’avait aucun conseil à tenir, eut la patience d’être peint chez Madame de Maintenon par Rigaud ; il envoie ce portrait au Roi d’Espagne, qui l’avait exhorté « .

 » Le portrait du roi a été exposé dans le grand appartement de Versailles ; Il est plein à l’habit royal. Cet ouvrage est de M. Rigaud. Jamais un portrait n’a été aussi bien peint, ni plus ressemblant; toute la cour l’a vu et tout le monde l’a admiré. Une œuvre doit être très belle et parfaite pour attirer les applaudissements généraux dans un lieu où règne le bon goût et où l’on n’est pas foisonnant de louanges. Sa Majesté a promis son portrait au roi d’Espagne, veut tenir parole en lui donnant l’original, et M. Rigaud doit en faire une copie souhaitée par l’ensemble de la Cour. »

Louis XIV, roi de France, étude de Hyacinthe Rigaud à partir de laquelle il a fait le Portrait de Louis XIV (1701) Musée Condé (Château de Chantilly)

Le directeur des Bâtiments du Roi a commandé à l’atelier du peintre un certain nombre de copies (sous diverses formes pour les cours européennes ou les dispensaires royaux de province, comme celle commandée par François Stiémart, par exemple) ou de gravures, prouvées par un ordre de paiement daté du 16 septembre 1702:  » Au Sieur Rigaud, peintre ordinaire du Roi, pour deux grands portraits du Roi en entier, avec l’esquisse en petit desdits portraits, ainsi que du portrait en pied du roi d’Espagne qu’il a fait au cours de l’année en cours, 10 000# « .

Pierre Drevet est chargé de réaliser les gravures et reçoit  » le paiement parfait de cinq mille# pour la gravure qu’il a faite du portrait au pied du roi Louis XIV, selon M. Rigaud, en 1714-1715. » Pour ce faire, Drevet fut assisté d’un dessin exécuté par le jeune Jean-Marc Nattier et à qui le directeur des bâtiments enregistre le paiement, le 20 août 1713 :

 » à Sr Nattier le jeune, peintre, pour le dessin d’un portrait du roi d’après Rigaud, qu’il copia pour servir de modèle à la gravure durant 1713, 500 livres « 

Drevet doit beaucoup au travail de Nattier, qui a recréé la peinture de Rigaud dans ses moindres détails, aux dimensions projetées d’une gravure. Cependant, il prolongeait légèrement la galerie de marbre en arrière-plan, une variation suivie par le graveur. Il ne fait aucun doute que Rigaud a lui-même supervisé l’œuvre de Nattier, puisque le dessin était destiné à son ami Prévet, et le père de Marc, Natier Mariette considère l’œuvre de Drevet comme  » ce qui a fait plus considérable  » et qu’elle  » a gravé sur ordre de sa Majesté très chrétienne et Est mise dans son Cabinet. »En 1733, il a noté la rareté dans une lettre à Gabburri: « Pour ma part, je peux vous encourager à acquérir un portrait du roi régnant et de la reine, mais celui gravé par Drevet est très difficile à avoir, et je l’ai Vu en vente à plus de huit livres. Je peux l’avoir pour un prix discret mais je dois me donner du temps. »

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