Jocaste
(Cliquez sur l’infographie des caractères pour télécharger.)
Reine des Abeilles et Mère Poule
Jocaste est la Reine de Thèbes, mais ce n’est pas aussi glamour qu’il y paraît. Par tous les comptes, il semble que son premier mariage avec le roi Laius ait été plutôt heureux. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’il reçoive la prophétie selon laquelle il était destiné à être assassiné par son propre fils. C’est bien sûr ce qui a poussé Jocasta et Laius à percer et à lier les chevilles de leur unique enfant et à l’envoyer mourir à flanc de montagne. (Dans la Grèce antique, il était courant d’abandonner les enfants non désirés plutôt que de les tuer. De cette façon, le destin de l’enfant était entre les mains des dieux, et le parent n’était pas considéré comme directement responsable de sa mort.)
Parfois, Jocasta est critiquée pour sa méfiance envers les prophéties. C’est un préjugé compréhensible, cependant. Jocaste ne sait pas que la prophétie reçue par Laius s’est réalisée – elle croit que son fils est mort et que son mari a été assassiné par une bande de voleurs. Cela semble réfuter la prophétie selon laquelle Laius mourrait de la main de son fils. Pour autant que Jocasta le sache, elle a abandonné son petit garçon à l’exposition, à la famine et aux bêtes sauvages pour rien. Elle a de très bonnes raisons d’être plus qu’un peu sceptique à l’égard des prophètes.
Il est important de noter que bien que Jocaste critique la prophétie, elle n’est pas nécessairement sacrilège. En fait, dans la pièce, nous la voyons prier le dieu Apollon, faire des offrandes et demander sa protection. Aucun autre personnage, à part le Refrain, ne va aussi loin. D’une certaine manière, on pouvait la voir comme l’un des personnages les plus pieux sur scène. (Pas que cela lui fasse du bien.) Il semble que ce ne soient pas les dieux eux—mêmes dont Jocaste est sceptique, mais plutôt leurs serviteurs supposés – des hommes comme Teiresias.
Jocaste se rend compte devant Œdipe qu’il est son fils, et qu’ils ont commis un inceste. Quand elle se pend avec des draps, c’est le symbole de son désespoir face à ses actions incestueuses. Fait intéressant, Jocaste joue un rôle à la fois conjugal et maternel auprès d’Œdipe. Elle aime Œdipe de façon romantique, mais comme un parent, elle souhaite protéger l’innocence d’Œdipe de la connaissance de leur relation:
Jocaste ne peut-on pas découvrir qui tu es! Malheur à toi, pauvre misérable! Avec ce dernier mot, laisse-toi, désormais toujours plus silencieux. (1068-1073)
Comme Œdipe, Jocaste commet la plupart de ses « péchés » dans l’ignorance. Oui, elle a abandonné Œdipe volontairement quand il était bébé, mais même Œdipe dit qu’il aurait aimé mourir sur ce flanc de montagne.