Statue dans l’église Saint Jean-Baptiste de La Salle, Paris, France
À cette époque, la plupart des enfants avaient peu d’espoir de progrès social et économique. Jean Baptiste de La Salle croyait que l’éducation donnait l’espoir et la possibilité aux gens de mener une vie meilleure, dans la dignité et la liberté. Ému par le sort des pauvres qui semblaient si » loin du salut « , que ce soit dans ce monde ou dans l’autre, il décida de mettre ses propres talents et son éducation avancée au service des enfants » souvent livrés à eux-mêmes et mal élevés « .
La Salle savait que les enseignants de Reims étaient en difficulté, manquant de leadership, de but et de formation, et il se trouva à prendre des mesures de plus en plus délibérées pour aider ce petit groupe d’hommes dans leur travail. D’abord, en 1680, il les invita à prendre leurs repas chez lui, autant pour leur apprendre les manières de table que pour les inspirer et les instruire dans leur travail. Ce franchissement des frontières sociales était difficile à supporter pour ses proches. En 1681, De La Salle se rendit compte qu’il devrait faire un pas de plus: il amena les professeurs chez lui pour vivre avec lui. Les proches de De La Salle étaient profondément troublés, sa classe sociale était scandalisée. Quand, un an plus tard, sa maison familiale fut perdue aux enchères à cause d’un procès familial, De La Salle loua une maison dans laquelle lui et la poignée d’enseignants s’installèrent.
La Salle décide de démissionner de son ministère pour se consacrer pleinement à la création d’écoles et à la formation des enseignants. Il avait hérité d’une fortune considérable, et cela aurait pu servir à poursuivre ses objectifs, mais sur les conseils d’un père Barre de Paris, il vendit ce qu’il avait et envoya l’argent aux pauvres de la province de Champagne, où une famine causait de grandes difficultés.
La Salle commença ainsi un nouvel institut religieux, le premier qui ne comptait aucun prêtre parmi ses membres : l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes, également connu sous le nom de Frères De La Salle (au Royaume-Uni, en Irlande, à Malte, en Australasie et en Asie) ou, le plus souvent aux États-Unis, les Frères Chrétiens. (Ils sont parfois confondus avec une autre congrégation du même nom fondée par Edmund Ignatius Rice en Irlande, connue aux États-Unis sous le nom de Irish Christian Brothers.) Les Frères De La Salle ont été le premier institut religieux d’enseignement catholique romain qui n’incluait aucun prêtre.
Une décision en a mené une autre jusqu’à ce que La Salle se retrouve à faire quelque chose qu’il n’avait jamais anticipé. La Salle écrit :
J’avais imaginé que le soin que j’assumais des écoles et des maîtres ne reviendrait qu’à un engagement marginal m’engageant à ne faire que subvenir à la subsistance des maîtres et assurer qu’ils s’acquittaient de leurs tâches avec piété et dévotion… En effet, si j’avais jamais pensé que le soin que je prenais des maîtres d’école par pure charité aurait jamais fait de mon devoir de vivre avec eux, j’aurais abandonné tout le projet. … Dieu, qui guide toutes choses avec sagesse et sérénité, dont il ne s’agit pas de forcer les inclinations des personnes, a voulu m’engager entièrement au développement des écoles. Il l’a fait de manière imperceptible et sur une longue période de temps pour qu’un engagement en conduise un autre d’une manière que je n’avais pas prévue au début.
L’entreprise de La Salle rencontre l’opposition des autorités ecclésiastiques qui s’opposent à la création d’une nouvelle forme de vie religieuse, une communauté de laïcs consacrés pour diriger des écoles gratuites » ensemble et en association « . L’établissement d’enseignement en voulait à ses méthodes innovantes. Néanmoins, La Salle et son petit groupe d’enseignants libres ont créé l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes qui est, selon le site Web de La Salle, entièrement dédié à l’éducation chrétienne des » enfants d’artisans et des pauvres », dans une vie proche de celle des religieux catholiques.
En 1685, La Salle fonde ce qui est généralement considéré comme la première école normale — c’est—à-dire une école dont le but est de former des enseignants – à Reims, en France.
Usé par les austérités et les travaux épuisants, La Salle mourut à Saint-Yon, près de Rouen, au début de 1719, le vendredi Saint, trois semaines seulement avant son 68e anniversaire.