Histoire ancienne jusqu’en 1860
Les origines du Québec remontent à 1534-35, lorsque l’explorateur français Jacques Cartier débarqua à l’actuelle Gaspésie et prit possession de la terre au nom du roi de France. Cartier apporta avec lui les traditions européennes d’expansion mercantile du XVIe siècle dans un pays où vivaient depuis des milliers d’années quelques Indiens (Premières Nations) et des Inuits (le peuple arctique du Canada connu sous le nom d’Esquimau aux États-Unis). La colonisation européenne permanente de la région n’a commencé qu’en 1608, lorsque Samuel de Champlain a établi un fort au Cap Diamond, l’emplacement de l’actuelle ville de Québec, alors appelée Stadacona. Un demi-siècle plus tard, la colonie française comptait une maigre population d’environ 3 200 personnes.
Bien que la Nouvelle—France ait commencé par la fondation de trois villes – Québec en 1608, Trois—Rivières en 1616 et Montréal en 1642 – elle a finalement inclus un vaste territoire intérieur comprenant la Nouvelle-Écosse, l’île du Cap-Breton et Terre-Neuve et s’étendant vers le sud-ouest jusqu’en Louisiane. Par le traité d’Utrecht (1713), qui confirme la défaite de la France dans la guerre de succession d’Espagne, la Grande-Bretagne acquiert toute la Nouvelle-Écosse (à l’exception du Cap-Breton), Terre-Neuve et les terres autour de la baie d’Hudson. Le reste du territoire de la Nouvelle-France, à l’exception de la Louisiane et des îles Saint-Pierre et Miquelon dans le golfe du Saint-Laurent, est cédé à la Grande-Bretagne par le traité de Paris (1763).
Moins d’une décennie après avoir acquis la quasi-totalité des colonies françaises d’Amérique du Nord, la Grande-Bretagne a fait face à une révolution d’indépendance de ses 13 colonies d’origine. En 1774, espérant conserver la loyauté de leurs nouveaux sujets dans la colonie française et catholique de Québec en obtenant l’appui de ses chefs cléricaux, les Britanniques adoptent l’Acte de Québec. La loi accordait aux catholiques la liberté de pratique religieuse, légalisait le système seigneurial français, reconnaissait le code civil français et repoussait les limites du Québec dans les vallées de l’Ohio et du Mississippi pour satisfaire les commerçants de fourrures et maintenir des alliances avec les Indiens. Cette stratégie a fonctionné et une grande majorité des Canadiens français sont restés neutres lorsque les forces américaines dirigées par le Gen. Benedict Arnold envahit le Québec en 1775. Tout en perdant ses colonies américaines d’origine, la Grande-Bretagne conserve le Québec et la Nouvelle-Écosse. L’arrivée de plusieurs milliers de loyalistes britanniques au Québec, qui réclamaient tous des terres et un gouvernement représentatif, obligea les Britanniques à modifier à nouveau les dispositions constitutionnelles. L’Acte constitutionnel mal conçu (1791) divisa la colonie de Québec le long de la rivière des Outaouais en Bas-Canada (Québec) et Haut-Canada (le futur Ontario). Il prévoyait également une assemblée élue et des conseils exécutifs et législatifs nommés. En peu de temps, la société canadienne-française majoritaire s’assure que les membres de sa classe moyenne professionnelle de plus en plus nationaliste, éduqués par l’Église catholique, viennent dominer l’assemblée élue. Le Parti canadien défendait le système seigneurial, dénonçait la collaboration de l’Église catholique avec les Britanniques, critiquait l’émergence du capitalisme commercial et exigeait que la majorité de l’assemblée élue gouverne pleinement le gouvernement responsable. Les membres des classes marchandes, bureaucratiques et militaires britanniques étaient réduits à un croupion, mais ce Parti britannique minoritaire conservait le contrôle total sur les conseils exécutif et législatif nommés.
Dans les années 1830, le contrôle croissant des marchands britanniques sur la vie commerciale et financière du Bas-Canada, l’émergence d’une crise agricole avec l’effondrement de la production de blé (la seule culture de rente) et la montée d’une classe moyenne professionnelle canadienne-française politiquement dominante ont entraîné une grave crise politique, sociale et économique. La société était devenue ingouvernable. Lorsque les autorités britanniques refusent d’accorder à l’assemblée des pouvoirs étendus, le Parti patriote sécessionniste (anciennement le Parti réformiste) cherche à sortir la colonie du Québec de l’Empire britannique et à créer une nouvelle République du Québec. Le mouvement sécessionniste, dirigé par un Louis-Joseph Papineau faible et indécis, culmine avec les rébellions infructueuses de 1837-1838. Papineau s’enfuit aux États-Unis pour revenir à la fin des années 1850.Les forces militaires britanniques écrasent les rebelles (quelques-uns sont pendus et d’autres exilés en Australie) et instaurent un régime militaire. Selon un rapport écrit par Lord Durham en 1839, la source de la rébellion était « deux nations en guerre au sein d’un seul État. » Durham recommanda l’union du Haut et du Bas-Canada, l’immigration britannique massive, la réforme municipale et l’institution d’un gouvernement responsable.
Craignant que la majorité canadienne-française ne domine la nouvelle colonie créée par l’Acte d’Union de 1841, les Britanniques refusent d’accorder un gouvernement responsable et assurent le contrôle britannique sur l’assemblée élue en accordant 42 sièges à chacune des deux régions administratives de la colonie, le Canada-Est (l’ancien Bas-Canada) et le Canada-Ouest (l’ancien Haut-Canada). Sous la pression des réformateurs politiques canadiens-français et britanniques du Canada-Ouest et du Canada-Est, et dans l’espoir de transférer les coûts administratifs croissants aux colonies, les autorités britanniques accordent un gouvernement responsable en 1848, au grand dam du vieux Parti britannique, qui prêchait l’annexion aux États-Unis. Les membres canadiens-français du gouvernement partageaient le pouvoir, y compris le pouvoir de taxer et de dépenser. Ils ont soutenu le financement de la révolution des transports, notamment la construction des canaux qui rendaient les Grands Lacs accessibles via le majestueux St. Le fleuve Laurent et la construction du très coûteux chemin de fer du Grand Tronc de Sarnia à Levi, sur la rive sud de Québec. En retour, ils poussèrent fort pour obtenir le droit d’utiliser leur propre langue à l’Assemblée et acquirent un contrôle total sur les institutions éducatives, sociales et municipales du Canada-Est.