Grèce

La cité-État

L’exemple phénicien a été suivi par les Grecs, à l’origine des nomades indo-européens qui se sont progressivement dirigés vers le sud de la mer Égée et y ont pris la mer. Ils ont construit sur les réalisations des peuples antérieurs et ont même repris la première monarchie bureaucratique à apparaître sur le sol européen, la civilisation minoenne de l’île de Crète, qui a succombé aux envahisseurs du continent grec vers 1450 avant notre ère. D’autres envahisseurs du nord ont renversé les royaumes continentaux de Mycènes, Tiryns et Pylos vers 1200 avant notre ère. L’Âge sombre de la Grèce qui a alors commencé a duré jusqu’au 8ème siècle avant notre ère, époque à laquelle les Grecs avaient non seulement adapté l’alphabet phénicien et commencé à fonder des colonies d’outre-mer, mais avaient également presque atteint la maturité de la cité-État (polis en grec, d’où le terme politique dérive). Cette forme de gouvernement était la grande invention politique de l’antiquité classique. (Voir aussi civilisation grecque antique.)

palais du roi Minos
palais du roi Minos

Salle du trône décorée de fresques, palais du roi Minos à Cnossos, Crète, vers 1700-1400 avant notre ère.

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La cité-État a été rendue possible par la géographie méditerranéenne, qui est telle que chaque petit village de pêcheurs devait pouvoir se défendre contre les attaques terrestres ou maritimes, car l’aide extérieure ne pouvait pas l’atteindre facilement. La dépendance d’une personne vis-à-vis de sa communauté, tant pour sa survie physique qu’économique, était donc évidente et complète. La ville avait d’abord une revendication sur son travail et sa loyauté, revendication qui était généralement librement reconnue. C’est cette réalité qui a conduit Aristote (qui venait lui-même d’un si petit commonwealth, Stageira) à définir les humains comme des animaux politiques. En outre, les chaînes de montagnes côtières rendaient difficile pour toute communauté en Grèce de dominer plus de quelques kilomètres carrés de terres. Par conséquent, dans le monde grec (qui par c. 600 avant notre ère s’étendait des côtes de l’Asie mineure à ce qui est maintenant le sud de la France) il y avait des dizaines de centres de gouvernement. Le terme cité-État exprime le double aspect de ces petites colonies.

Chaque cité-État était, d’une part, une organisation économique, culturelle et religieuse ; d’autre part, chacune était une communauté autonome capable, en théorie, de maintenir une indépendance absolue en enrôlant tous ses habitants masculins adultes comme soldats. C’était comme une association d’affaires et aussi comme une armée campée. (À bien des égards, la ville de Sparte était en fait une armée campée.) La liberté était définie comme le droit et la capacité de chaque ville à se gouverner elle-même. Ce que la liberté signifiait pour l’ordre intérieur de ces villes a été âprement et souvent débattu dans le sang pendant plus de deux siècles.

Bien que ce soit un fait du monde grec que la géographie ait dissuadé la montée d’un empire de fédérer et de contrôler toutes les villes, quelques-unes ont néanmoins atteint la grandeur impériale. Ces villes se livraient à un commerce rentable sur la mer, comme l’avaient fait leurs prédécesseurs phéniciens. Athènes, par exemple, exportait de l’huile d’olive, de l’argent et de la poterie, et les bénéfices de ce commerce lui permettaient de construire une grande marine et de formidables remparts. Les navires athéniens ont vaincu la Perse (480 avant notre ère) et ont remporté un petit empire en mer Égée. La combinaison des navires et des murs a permis à Athènes de défier longtemps et presque de vaincre Sparte, sa principale rivale parmi les cités grecques. Même après le triomphe de Sparte à la fin de la guerre du Péloponnèse (404 avant notre ère), Athènes est restée un État indépendant et souverain jusqu’à sa défaite par Philippe II de Macédoine à la bataille de Chaeronea (338 avant notre ère). En bref, pendant la période de son apogée, Athènes était libre de faire les expériences qu’elle aimait dans le domaine du gouvernement, et à cette période on doit non seulement le premier exemple de démocratie réussie dans l’histoire du monde, mais aussi les premières enquêtes dans la pensée politique.

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