Développement durable

Introduction

Le terme développement durable est bien utilisé et est probablement familier à de nombreux universitaires et au-delà, certainement dans les parties les plus développées du monde. C’est un terme que nous rencontrons dans des domaines allant des initiatives de recyclage de porte-à-porte aux explications médiatiques des problèmes de sécurité mondiaux. Au sein de la géographie humaine, il informe la recherche allant de l’exclusion sociale dans les villes du Royaume-Uni aux résultats des transformations environnementales en Afrique rurale. En effet, certains considèrent qu’il n’existe pas de discipline aussi pertinente que la géographie pour contribuer aux débats sur le développement durable étant donné sa capacité à marier la science de l’environnement avec une compréhension du changement économique, politique et culturel, c’est-à-dire du développement. La poursuite du développement durable est maintenant considérée comme l’un des principaux objectifs politiques des organisations et des institutions à toutes les échelles de la vie publique et le domaine de la recherche académique et pratique sur le développement durable est diversifié et en expansion.

Il est généralement admis que le rapport de la Commission mondiale de l’environnement et du développement (également connue sous le nom de Commission Brundtland) publié en 1987 a beaucoup contribué à faire entrer le terme « développement durable » dans la conscience populaire et dans les programmes publics. Cette commission, créée par les Nations Unies (ONU), était composée de personnes provenant d’États membres des mondes plus développés et moins développés et était chargée d’identifier les stratégies environnementales à long terme pour la communauté internationale. Sa définition du développement durable, en tant que ”développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins » est devenue l’expression la plus largement citée du terme. L’idée fondamentale selon laquelle le développement d’aujourd’hui ne devrait pas se faire au détriment de celui de demain a trouvé une large adhésion.

Au fur et à mesure que le terme développement durable s’étend à la fois dans la vie quotidienne et devient lié à des mouvements de plus en plus importants du monde moderne, les universitaires et les praticiens sont de plus en plus conscients de la nécessité de réfléchir de manière critique aux principes fondamentaux contenus dans le terme à mesure qu’il évolue. En outre, il faut examiner de près ce qui est en train d’être réalisé et comment, au nom du développement durable, englober les programmes multiples et souvent concurrents poursuivis et interpréter les changements dans des contextes locaux et mondiaux dynamiques. À cette fin, le présent examen accorde des détails substantiels aux origines et au développement de la notion de développement durable et à la manière dont les interdépendances complexes des processus de développement économique, social et environnemental et leurs résultats sont révélées dans la poursuite du développement durable.

Le concept de développement durable a acquis une certaine notoriété, notamment pour sa  » nature glissante » (les multiples définitions qu’il contient), ses ambiguïtés (les diverses interprétations qui découlent de ces définitions) et son caractère fondamentalement oxymoronique (l’opposition suggérée entre les deux termes encapsulés). Cette revue détaille un certain nombre de cadres qui ont été transmis pour gérer la diversité et le dynamisme associés à la notion et pointe les principales divisions en cours dans le domaine d’enquête. Pour certains, la manière dont la notion de développement durable a été redéfinie tant de fois et par rapport à tant d’aspects des relations société–environnement mine son utilité. Pour d’autres, ce sont les contestations sur l’orientation du développement social et économique vers l’avenir (la discorde de la politique moderne) qui sont la substance du développement durable et en tant que tel, l’utilité de l’idée réside précisément dans le débat et le compromis qu’elle met au défi les chercheurs et les praticiens de s’engager.

Deux littératures particulières, celles de l’environnementalisme et du développement, sont considérées comme particulièrement importantes pour comprendre les origines du développement durable. Il est reconnu que le terme « développement durable » a été utilisé pour la première fois dans le cadre de la Stratégie mondiale pour la Conservation de 1980, élaborée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des Ressources naturelles. Pour la première fois, le développement a été transmis comme un moyen de parvenir à une conservation rapprochant les deux littératures. Cependant, les années 1980 ont également été considérées comme une ère d‘ »impasse » tant dans la théorie que dans la pratique du développement. Les théories passées ont été bouleversées et semblaient offrir peu d’explications sur les expériences actuelles de développement et de sous-développement (encore moins sur l’avenir). C’était aussi une période où les échecs du « développement » sur le terrain étaient de plus en plus évidents, y compris les impacts environnementaux de la crise de la dette croissante et des solutions mises en œuvre pour la résoudre.

À l’ère mondialisée des premières années du XXIe siècle, l’environnementalisme est considéré comme florissant, d’autant plus qu’il s’est adapté à l’évolution des preuves scientifiques et a été éclairé par les idées de mouvements sociaux connexes tels que l’écoféminisme. Bien que l’on puisse considérer que les discours restent dominés par les préoccupations de durabilité environnementale, le travail des géographes s’avère important pour centrer davantage les besoins et les droits de l’homme dans ces programmes. À leur tour, les études de développement (et la géographie du développement) sont considérées comme ayant dépassé leur impasse pour être caractérisées par un débat animé dans lequel la durabilité environnementale, sociale et économique est une préoccupation centrale. Bien que cette revue fournisse des preuves du travail substantiel des géographes, en particulier pour découvrir le lien entre les relations pauvreté–environnement, il existe une préoccupation constante quant à l’impact de ces travaux sur la littérature et les pratiques du développement durable.

L’une des façons dont le développement durable peut maintenant être considéré comme un concept qui a pris de l’âge est sa position en tant qu’objectif politique principal de nombreuses grandes institutions du monde, y compris l’ONU et la Banque mondiale (BM). En particulier, la recherche de nouvelles approches de la réduction de la pauvreté est actuellement considérée comme une tâche nouvelle et supérieure. Cette revue analyse comment ce consensus a évolué et examine comment les prescriptions politiques qui en découlent se recoupent avec les programmes environnementaux locaux et mondiaux.

Les discussions sur l’idée et les pratiques du développement durable sont centrées sur l’avenir de la Terre et les relations de ses habitants, et les défis politiques qui sont les préoccupations traditionnelles de longue date des géographes. Cette revue examine la contribution de la géographie humaine à exposer l’entreprise intrinsèquement politique et conflictuelle qu’est le développement durable, en particulier à travers le travail au sein de l’écologie politique.

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