Autorité, l’exercice d’une influence légitime par un acteur social sur un autre. Il existe de nombreuses façons dont un individu ou une entité peut influencer un autre à se comporter différemment, et tous n’ont pas la même prétention à l’autorité. Un exemple hypothétique classique sert à différencier le terme autorité des autres formes d’influence: une personne brandissant un club oblige une autre personne à remettre de l’argent et des biens. Cet acte pourrait être considéré comme coercitif — l’exercice d’un pouvoir brut, qui dans de nombreux cas serait criminel. Si, cependant, la personne du club est employée dans une position qui implique la reprise de biens — donc une personne occupant un rôle légitime dans une société — et menace l’autre personne dans le processus de le faire, l’acte d’influence peut bien être légitime et constituer l’exercice de l’autorité.
L’exemple illustre la distinction fondamentale entre l’autorité et la coercition par la force physique. Comme les psychologues John R.P. French et Bertram Raven ont cependant souligné que ce ne sont que deux des bases communes du pouvoir social, et les distinctions entre l’autorité et les autres formes d’influence sociale sont un peu plus subtiles. Par exemple, si la personne ne détenait plus de club mais offrait à l’autre une incitation à remettre tout l’argent, la récompense pourrait être considérée comme une source de pouvoir mais probablement pas d’autorité. Un banquier qui récompense un client avec des paiements d’intérêts futurs pour avoir fait exactement cela n’a aucune autorité sur le client, car le client est toujours libre de décider de ne pas déposer l’argent et, plus tard, d’exiger le retour de l’argent. Il en va de même pour la pression des pairs, un bon argument ou toute autre forme d’influence pour laquelle on ne peut pas dire: « La Personne B a l’obligation d’obéir à la Personne A et de remettre tout l’argent. »En effet, c’est en ce sens qu’il existe une relation normative entre A et B, un devoir que B a d’obéir à A, ce qui constitue une autorité.
Les gouvernements sont peut-être l’exemple le plus connu d’un acteur social faisant autorité, car, selon la plupart des récits, ils détiennent généralement le monopole de l’utilisation légitime de la force physique pour contraindre l’obéissance à leurs mandats dans une zone géographique donnée. Le soldat ou l’officier de police sert de prolongement de l’autorité de l’État et partage sa légitimité. Cependant, même ces formes familières d’autorité politique exercées par l’État ont des limites. Par exemple, un agent de police qui oblige un suspect à avouer ou extorque de l’argent dépasse les limites de l’autorité légitime habituellement accordée à la police; l’agent exerce ainsi une contrainte, ce qui est le contraire de l’autorité lorsque la présence d’une relation normative est impliquée.
L’exercice de l’autorité ainsi défini n’est ni limité à l’État ni limité à l’usage de la force physique. Au lieu de cela, le concept d’autorité s’étend à une variété d’interactions sociales et réside avec une variété d’acteurs sociaux. Dans les sociétés ouvertes, les actionnaires et leurs conseils d’administration exercent une autorité sur les dirigeants par le biais des mécanismes de gouvernance d’entreprise. Ils ont, par exemple, le droit d’embaucher et de congédier le chef de la direction, de fixer les salaires de la direction et de revoir les politiques importantes de l’entreprise. Les entreprises créent des règles pour réglementer et, par conséquent, exercer une autorité sur les employés. En effet, la notion même de hiérarchie qui caractérise la plupart des organisations complexes repose sur l’exercice de l’autorité par les supérieurs sur les subordonnés. Une grande partie des premières recherches en théorie des organisations se concentraient sur les questions de savoir pourquoi la dynamique de l’autorité apparaît dans les organisations et comment ces dynamiques facilitent la coordination de l’action organisationnelle.
En tant que concept central dans l’étude des sociétés, des États et des organisations, l’autorité a attiré l’attention de plusieurs domaines d’études très différents. La nature de l’autorité et ce qui rend légitime l’exercice de l’autorité est au centre des préoccupations des philosophes politiques, qui se demandent quand un État peut légitimement contraindre ses citoyens à agir et, inversement, quand les citoyens peuvent légitimement refuser d’obéir aux mandats de l’État. Pour les sociologues et les politologues, les questions les plus urgentes concernent les antécédents et les effets de l’autorité de l’État de fait — c’est-à-dire l’autorité de l’État existante, d’autant plus qu’elle exerce réellement son pouvoir plutôt que la façon dont elle est censée le faire (selon la constitution d’un pays ou un philosophe, par exemple). Ils demandent: Pourquoi les individus, les groupes et les organisations se soumettent-ils à l’autorité? Comment les institutions sociales plus larges servent-elles à légitimer cette autorité? Comment la forme d’autorité exercée par un État affecte-t-elle la société et ses membres? Pour les psychologues sociaux, la question la plus fondamentale concerne les réactions individuelles à l’exercice de l’autorité. Pourquoi les individus obéissent-ils à l’autorité? Et quelles sont les limites de cette obéissance, surtout en ce qui concerne d’autres considérations normatives ?